Au départ j'ai l'impression qu' ça s'fait pas. Que c'est pas bien. Je sais même pas pourquoi cette idée me passe par la tête. Il y a cette maison face à moi qui fait grise mine. L'herbe haute semble indiquer que personne ne lui a rendu visite depuis longtemps. Je jette instinctivement un coup d’œil de chaque côté de la route avant de creuser mon sillon à travers les herbes folles. L'absence de volets aux fenêtres me permet d'évaluer la situation. Peut-être s'agit-il seulement d'une maison secondaire qui attend ses occupants saisonniers; mais à l'intérieur tout suggère qu'elle a été abandonnée depuis belle lurette. 

          J'essaie d'imaginer quelle histoire tragique se cache derrière la poussière qui s'accumule. Je me représente ce groupe d'enfants venu, par la main du plus téméraire, briser la vitre à travers laquelle je fais maintenant glisser mon objectif. Et puis il y a cette porte à l'arrière. La tension de cette première fois retient ma main sur la poignée. Encore un coup d’œil. Un peu de salive ravalée. Et puis merde, je rentre...